mercredi 25 janvier 2012

Remise de peine

Coupable d' avoir aimé
Follement mordre ta bouche
J' avoue
J'ai pris
Un max
Des barreaux aux fenêtres
Mais le ciel au plafond
Cassiopée ta pupille
Octant ta bouche
La nuit a ton visage
Et puis
J' ai dessiné la mer
Sur les murs de la chambre
Une petite maison blanche
Mon amour
Sur le seuil
Dix mille trois cents jours
A dit le type
Couleur corbeau
Moi j' ai souri
Prendre perpet' contre ta peau
Tu sais
C' était encore
Trop court
...

samedi 21 janvier 2012

Mauvais calcul

Des chemins au cordeau
La maison comme un cube
Le jardin bétonné
Une femme
Pour te donner des fils
Ne pas perdre le nom
Tracer des branches à l' arbre
Droit comme un peuplier
Les filles s' il en vient
Posées sur l' étagère
A côté du fourbis de la tante machin
Des vieilles pendules qui donnent l' heure encore
Avec une précision de métronome
L' heure de se lever
Manger pour se nourrir
Trimer jusqu' à plus d' heure
Se coucher pour dormir
Mais se méfier des songes
Des songes et de la poésie
Des étoiles
Des fées
De ceux qui regardent la mer
Car l' horizon vois tu n' est qu' une horizontale
L' amour une table de multiplication
La mort un héritage
On pose neuf
Et on retient ses larmes

Restait une inconnue à ton équation infaillible
La date de la tienne
De mort

Tu n' avais pas prévu de partir le dernier

lundi 16 janvier 2012

Nus

Animal pressé
Danseur novice
Je te sens qui
Chaloupes encore
Et je ruisselle en toi
Comme un printemps
Qui n' en finit pas
...

mercredi 11 janvier 2012

Rêve

Un instant, il m' a semblé que c' était vous au milieu de la foule, parce qu' il y avait ce type un peu moins pressé que les autres. Un livre dépassait de sa poche mais son visage était dur et ses gestes vulgaires. D' ailleurs, c' était stupide de penser que j' aurais pu vous trouver là, dans cette mer étroite, parmi ces gens comme des poissons à qui l' on aurait coupé les nageoires, ouvrant la bouche en rond pour trouver un peu d' air.
Je ne manquais pas de courage mais la terre, c' était quand même un peu grand et je n' avais aucune idée de l' endroit où vous rencontrer. Alors je me suis assise et j' ai attendu. Longtemps. J' ai observé le vol des oiseaux, lu, comme je le pouvais, dans le regard clair du renard, dans la course des nuages, la danse des feuilles, l' arrondi des collines, un signe, un cap, le début d' un chemin...
C' est ainsi qu' un matin, parce que le vent me disait de le faire, je me suis relevée et que j' ai pris la route. Je ne marchais pas au hasard. Les branches d' arbres, comme des doigts pointés se pressaient pour m' indiquer le nord. Jamais je ne me sentis perdue. Pas une seule fois, une pierre se mit en travers du chemin. Les rivières m' offraient leurs gués, les montagnes s' ouvraient en deux. La pluie lavait mon visage et le soleil caressait mon ventre. J' allais, sans ressentir jamais ni la faim, ni la soif, ni la fatigue. J' allais comme quelqu' un qui ne sait plus la douleur. Qui loge le ciel entier dans sa poitrine. Et chaque pas était une promesse de vous...
Une nuit, j' ai buté dans l' océan. C' était la fin du voyage. L' air était frais. La mer silencieuse, tellement qu' on eut dit qu' elle tenait d' un poing ferme ses garnements de vagues pour ne pas importuner ceux qui se posent et regardent le large. Mais vous ne m' attendiez pas. La plage était déserte. Un instant j' ai douté, je l' avoue. Si j' avais fait fausse route ? Un instant, oui, j' ai pensé que vous n' existiez pas. Je me tenais ainsi, dressée, face à l' horizon dont je percevais plus ou moins l' oblique au dessus du damier noir et argenté de la mer, plus mystérieuse que jamais.
Alors vous êtes arrivé. Je n' ai pas tenté un seul geste quand je vous ai senti approcher. Je n' ai pas eu besoin de tourner la tête, pour savoir que c' était vous. Vous vous êtes plaqué à mon dos, vos mains d' abord ont couru sur ma peau, s' arrêtant à chacun de ses paysages, de ses sources, de ses fractures, effleurant chaque blessure ancienne d' une paume douce, comme un onguent. Alors seulement vous avez parlé. Vous avez dit tant de choses et aussi que je n' aurai plus peur. Je vous ai cru, comme je croyais à vos mains sur moi, aux beaux jours revenus, à l' éternité de la mer.
Il aurait fallu demeurer ainsi. Ne plus bouger. Vous, moi, le désir et l' écume, la douceur de vos mots. Il aurait fallu rester des oiseaux.
Mais les femmes sont d' argile. J' ai voulu voir votre visage. J' ai voulu vous tenir.
Quand j' ai fermé mes bras je n' ai enserré que le vide.
Et la mer a lâché ses chevaux...

samedi 7 janvier 2012

Trois mots

Ce n' était rien
Tu sais
Trois mots
Pas plus
Semés dans un silence
Et germés dans un songe
Que j' aurais tus
Avant
Que tu ne les cueilles
A la rosée
De mon regard
Etoiles
Filantes
Qui ouvrent le ciel en deux
La grande flaque noire
Des solitudes

C' était pour toi
Tu sais
Ces trois mots là
Rendus
Au vent
...

mercredi 4 janvier 2012

Clair-obscur

Je te parle
En silence
Et nue
Un ange peut-être
Une araignée fébrile
De sa filière
Tisse la toile
Et garde nos secrets
Qui es tu
Quel visage
Le vent t' a t'il donné
Quelle ombre
Au bord des cils
Ont tracé
Tes grands arbres noirs

Sur le chemin qui court
De ta forêt à la mienne
Nous allons
Comme des lièvres aux aguets
Mais nos ailes
Ne se touchent pas
...

dimanche 1 janvier 2012

Berniques


Accrochées au granit, les berniques rêvent parfois.
Elles rêvent d' être le vent.
D' avoir des ailes ou bien des jambes, comme les bateaux qui vont sur l' eau.
A la mousson, chapeaux chinois, naviguant sur des jonques dans l' odeur du jasmin...
On a tort de croire que les berniques n' ont pas inventé l' eau chaude. Elles savent de nous ce que nous ignorons d' elles. Les yeux brûlés des femmes au retour des marins. Les pêcheurs qui se taisent. Les enfants presque nus...
Aux marées d' équinoxe, chahutées, douloureuses, elles voudraient lâcher prise et se laisser voguer. Elles rêvent d' une main douce qui caresserait dessus, dessous. De mots gentils. De mots tendres. D' un être exquis les appelant Patelle.
Les berniques ont des bleus à l' âme.
Alors, du sel sous la coquille, elles pleurent à gros bouillons.

Mais toi qui regardes la mer, tu n' en verras jamais que deux ou trois ronds dans l' eau...



Texte 2010, remanié
Excellente année à toutes et tous !