mercredi 29 août 2012

Coques ( tableau 1 )


Le vieux chalu
Couché en fond de baie
Avait l' allure d' un chien qui dort
En attendant la fin
La mer le caressait
Du bout de sa marée
Douce
Comme la main du maître
Flattant ses os saillants
Quelles pêches miraculeuses
Quels désirs d' horizon
De retours attendris
Le vent chantait encore
Au balafon
De sa coque éventrée ?
Quels souvenirs d' épousailles
Quand aux soirs d' équinoxe
Docile
Il se laissait étreindre
Par celle
Qu' il ne savait plus chevaucher
...

vendredi 24 août 2012

Filantes étoiles


Nous avions vingt ans
Des poussières
A nous quatre
Les météores
Filaient entre nos doigts
Bouches en rond
Pendues aux mamelles du ciel
Nous attendions l' étoile
Moins pressée que nos vies
Moins pressée que ses soeurs
De courir vers sa fin
Qui nous laisserait le temps
Tout le temps de sa course
Pour déplier
Telles nappes blanches des jours de fête
Tels draps de lin des nuits de noces
Nos rêves interminables
Nous voulions celle
La seule
Qui nous laisserait aveugles
Le regard voilé d' une voûte fendue
Comme une raie scintillante
Sur un cul
Magistral

jeudi 9 août 2012

Un mot, l' été...

Mon oeil distrait à la fenêtre errait dans un ciel sans coton.
Une cigarette au coin des lèvres, encore et toujours à chercher le mot, le mot juste, celui qui dirait à lui seul toute la rondeur du monde, le sang pulsé de l' amour, les charognards de la rupture, la peur, la quête, la soif, l' espoir, le silence et la vie...
Dans le vert uniforme du jardin à midi, pariaient les arbres sur qui donnerait la première fraicheur, du vieux cerisier arthritique, au jeune tilleul tout gonflé de feuillage. Les fleurs se taisaient pour se faire oublier du soleil. Et moi, penchée, je cherchais le mot...
Sur le chemin qui mène à la maison, une seule tache brune, miraculeuse, et dans la tache, étalé dans son infinie langueur, le chat. Comme dans un théâtre à l' envers, poursuite noire sur fond clair de tout ce qui agonise et résiste à la morsure du feu, toi, mon corniaud des gouttières, sorcier capable de créer l' ombre en plein méridien pour te reposer de ta course... Allongé, étiré, du bout de la patte à l' oreille, afin de ne rien perdre de la fraicheur de cette goutte noire venue d' on ne sait où, on aurait pu te croire mort si ton ventre ne cessait d' aller et venir comme une vague régulière sur un rivage encore vierge.
A te voir ainsi crucifié entre quatre murs invisibles, abandonné au ciel, à la terre, à l' été, il me semblait sentir le mot cogner à mes flancs comme un enfant sur le point de naître, qu' il n' y avait plus qu' à le cueillir pour le bercer au puits de mes mains jointes.
D' un geste lent, pour ne rien perdre du sortilège, j' ai tapé quelques lettres d' un index malhabile.
Fébrile, j' ai tourné la tête. Dehors, l' ombre avait disparu en emportant le chat... Et sur l' écran, le mot n' était rien d' autre qu' un mot.
Minuscule.