mercredi 29 octobre 2014

Secret des tombes ( 2 )


Sous un ossuaire de raves
- petits crânes chevelus que les mouches asticotent -
La terre se défarde et lange
L' horizon de ses brumes

Plus loin le ciel emmaillote
Friches et cendres

       Du lourd tartan des secrets

( simplement, te revoir... )

lundi 27 octobre 2014

Secret des tombes ( 1 )


Terres hersées de novembre
Mûrissant leur secret

( du long sillon qui court de la gorge au pubis s' écoulent
en un flot rouge mes sables amoureux
jusqu' au lit des rivières.. )


Toi qui n' as soif que de toi-même
Te penches-tu seulement pour y boire ?                      

dimanche 26 octobre 2014

Mémoires ascendantes ( 10 )


J' ai placé la bergère devant la fenêtre et j' y vois plus loin que la rue.
Parce-que mes voyages sont devenus immobiles et mes bateaux encalminés, que mes déserts refusent leur peau de dunes à mes mains caressantes, que le chant poivré des villes lointaines ne titille plus ma langue, j' invente la mer Noire dans une flaque miroitant au soleil,  les chutes d' Iguazù dans un drap qui sèche au vent, une rumeur de souk dans un salut de femmes...
Jamais la terre ne m' a semblé si bavarde depuis que mes yeux se sont tus.
Le monde plus vaste depuis que mes hanches sont de verre.
Plus lumineux depuis que j' y marche à tâtons.

Et j' ai toujours à portée de main un sac paré pour le voyage: mon chapelet, quelques affaires de toilette.
Le reste n' est que poids quand il nous vient des ailes.

                                                                                *

Un voyage chaque printemps. Avec les vieux de Bagnolet. 
Je mets des jours à faire ma valise. Trois robes, un pantalon léger, des corsages, deux gilets pour le soir, maillot de bain, chapeau, lunettes noires... Jupe tailleur et talons hauts pour le voyage.
A la sortie de l' avion il y a quelqu' un qui nous prend en photo sur la passerelle et je ne laisse jamais rien au hasard. Le baise-en-ville d' une main, sur lequel je noue un foulard léger qui danse autour de mes hanches, de l' autre je tiens la rampe en souriant sous les flashs.
Pour un instant, je suis Marilyn ou bien Jackie Kennedy.

La mer du grand sud est une flaque immobile et bleue. Rien de comparable avec la sorcière mugissante de mon Trégor.
Mais ce que j' aime par dessus tout, ce sont les fleurs d' ici. Corolles de soleils pourpres décrochés du ciel, qui se disputent les façades de chaux blanches et les poitrines des filles qui les portent en collier.
Loin, si loin, les hortensias de mon enfance, aux pétales de granit et de pluie.

dimanche 19 octobre 2014

Exil ( IX )


Par trois fois la tête plonge
Dans le grand cuvier d' eau
Où les cheveux dessinent
Des ramures de broussailles

On croit que c' est pour boire
Mais c' est pour y noyer
Le cœur serré des gorges
Et la mémoire des lèvres
Tressant en un baiser
Des serments d' osier pourpre

Que décorde l' exil

mercredi 8 octobre 2014

Indigent

Dis, combien de rivières
Ont creusé leur lit sur tes joues
Et fait pousser sous ton bonnet
Des bras de poulpe ?

Epouvantail chassant les foules
Le métro est ton seul jardin
Quand s' ouvrent les portières
Qui te crachent sur le quai

Et demain te prendra la camarde
Avec la lassitude du vent
Qui disperse les feuilles

dimanche 5 octobre 2014

Exil ( VIII )


Jument piaffant, arc tendu
La nuit s' écoule
Entre nos doigts

Doucement tu entrouvres
Les lèvres
De l' exil