samedi 29 novembre 2014

Secret des tombes ( 7 )


Novembre au ciel catin
Ferme ses cuisses
Chaque soir un peu plus tôt

( il suffirait que tu m' attendes,
que l' ombre désavoue la nuit )


samedi 22 novembre 2014

Secret des tombes ( 6 )


Au couchant la terre fume
Sa dernière pipe
De paille
Et d' os

( sur nos serments, sa fumée d ambre .. )

dimanche 16 novembre 2014

Secret des tombes ( 5 )


Ce que tu laisses en petits tas
Sur le bord de ton trou
Nul n' en saura jamais

Les nuits comme des nasses
Et les heures sans haleine

Bras en croix
Sur la dalle

Glacée des espoirs tus


( ces barques aux cales pleines
 pavillons hauts de nos promesses
qui n' ont jamais passé le môle  )

jeudi 13 novembre 2014

Secret des tombes ( 4 )


Déroule
Ton vieux soleil décrépit
Que le ciel torve soutient à peine
Sur un jardin d' hellébores

Et sème
Tes ossements d' ange

Au ventre de l' endormi

( tout contre mes dents ta salive 
arche d' eau vive à son delta )

vendredi 7 novembre 2014

Mémoires ascendantes ( 11 )

Seule, depuis les langes. Depuis que j' ai quitté le ventre de ma mère.
Seule, dans ma robe de baptême. Seule, sur les genoux de papa. Seule, loin de mes Gâtines, sous des ciels stériles et des hameaux de sable. Seule à chacun de mes départs. Seule devant mes enfants. Seule à repousser le malheur. Seule avec Pierre et seule sans lui.
Seule dans la grande maison.
Seule.

Ma solitude est une vieille amante au sexe tranché.
Je lui parle. Elle me répond de sa voix d' écho.

Je ne saurais dire à quoi j' occupe mes jours quand chaque matin parait plus neuf qu' un ciel lavé après la pluie. Prier, se blottir en soi; se perdre au labyrinthe de soi. Fouler les saisons à petits pas serrés. Ouvrir les portes et les tiroirs. Rêver des cerises et des roses. Laisser rentrer le soleil. Les absents. S' attabler tous ensemble. Se serrer sur le banc du souvenir.

Et caresser les jours qui me restent, comme un ventre bruissant qui ne craint pas le noir.


                                                                             *

Emile est mort. Tout le monde est mort. A chaque enterrement je pense à moi.
Mes enfants, mes petits, je voulais vous garder contre moi, que vous ne quittiez jamais le ventre.

Je tourne autour du téléphone. Je guette les pas qui passent devant ma porte et ne s' y arrêtent pas. J' ai beau précipiter le tic tac des aiguilles de mon tricot, battre à la course celui du carillon Westminster, le temps s' arrête entre deux soupes, entre bonjour et bonsoir ou entre deux hivers. 
Pour dormir il me faut des pilules et un bonbon aux fruits. Je le laisse fondre sur ma langue et défilent les visages d' autrefois, dans un grand carnaval sépia.
Les voix se sont enfuies, avec les rires et les flonflons.

Je hais le silence où grogne ma solitude comme une chienne dans la nuit.





dimanche 2 novembre 2014

Secret des tombes ( 3 )


D' un pas vif et tranchant
Romps le sable et la lande comme le pain du dimanche

La lave de ton secret
Fige les quatre horizons


( au loin passe et repasse l' ombre d' un John Deere
comme un insecte fou )