mardi 25 août 2015

Impressions. Paysages minuscules ( 6 )


Ils offrent des ventres d' écorchés à la crypte du ciel puis tendent leur étrave vers celle qui roule des hanches au bout du lit de grève.
La mer, tendre et violente épouse, ne s' offre plus que pleine.
L' eau les a quittés comme une fille infidèle et l' air qui les traverse a le cinglant d' un fouet.
Ils furent thoniers, langoustiers, chalutiers à tangons et portèrent haut des noms de ciels, de femmes ou de voyage.
Ils furent braves, affrontant sans ciller les départs engourdis de froidure, les hauts le cœur des mousses, les larmes des promises.
Fiers des retours juteux, poissons d' argent coincés entre les dents.
Souriants les jours de pause, tétant le lait des docks dans des mollesses de lamantins.
Quelle fortune de mer les a laissés ainsi, gisant sur le flanc, coursives grinçantes, la peau des os tannée par le sel et les tempêtes qu' ils n' affrontent plus qu' à terre ?
Le vent se joue de leurs carcasses et le gros temps balafone leurs squelettes d' éléphant.
Et demain les vasières, comme dernière déferlante, engloutiront leurs corps tout au bout du Sillon.

samedi 22 août 2015

Au sang de l' endormi ( 2 )


Innombrables sont les noms que tu donnes à la nuit

Dans ma poitrine s' aiguisent des rumeurs de hauts-fonds
Là, ta peau, a le lustré des baleines franches
Et plus loin grain d' écailles
Aux dunes alanguies





mercredi 19 août 2015

Au sang de l' endormi ( 1 )


Nul sommeil ne m' égare dans ce lit comme une île
Où ton corps est un ciel
Mêlé d' algues
Libres mes doigts délivrant tes méduses
Mon souffle sur ta gorge

Le soleil tombe en grappes
Je remue à ton seuil

Dans l' allongement du jour, tu bouges avec le sable

jeudi 6 août 2015

Impressions, paysages minuscules ( 5 )


Mer, bercée de terre qui souffle sur les flots son haleine de myrte et chante au sel la chanson des maquis.
Un long baiser de pierre et d' eau.
Les bateaux sont des ventres. Au lacis des ruelles, un vieux somnole dans chaque trouée d' ombre. Les chats qui sortent des poubelles ont des airs de princes égyptiens. Manger, dormir est leur credo. S' embrasser au soir dans le blanc provoquant des jasmins.
Nul ne crève la torpeur qu' impose un soleil de craie dans un ciel identique.
Ici le temps brûle sans passer.
C' est un endroit pour naître et puis tromper la mort, à force de transparence.

Et toi mouvante, qui défais l' eau du geste grave des funambules...