lundi 28 mars 2016

Déjà partie, je demeure ( 5 )



Lumière d' astre en écho
Mais celui-là, gisant, n' a rien vu de sa nuit

Ô l' ignoble habitude
De la mort qui ceint
Les chairs qui se chevauchent

( mais parce-que l' écoeurement, la fatigue, parce-que les nues criblées -dard, harpon, rostre-
l' horizon sur béquilles, je veux rouler la pierre au seuil de ta maison )

Hautes terres, nos vergers
Là, mon gouffre solaire
Où tes lèvres fervides

Epuiseront mes sanglots



samedi 12 mars 2016

Impressions. Paysages minuscules ( 12 )


Par trois fois les lèvres se tendent. On souffle sur des plumes.
Rien que son nom est un baiser.

On ne sait ce qui prit un matin au clair vallon de construire en ses flancs un donjon.
S' enturbanner de douves. Choisir un creux mangé de mousses quand partout alentour le pouvoir et la force s' érigent sur des mottes, quand les pierres, les ardoises lèvent un poing minéral pour contraindre les nues. Défendre... Se défendre de quoi, dans cette niche de verdure, sinon de quelques crapauds pansus, de frêles papillons ou d' apprentis corbeaux ? Se battre contre qui dans ce val de coton protégé de collines, boisées et douces comme un ventre de femme ?
Il fallut un avril, sans doute, pour transformer ce caprice d' enfant querelleur en folie souriante et paisible; à faire des murailles un logis, des archères une trouée de fenêtres, des caves poissées de salpêtre un cellier au parfum de coings et d' oranges. Les fossés se couvrirent de fleurs. La cour se fit ferme bruissante et nul engin hideux n'y vint jamais cracher sa nuit.

La drève en majesté se déroule devant nous comme un tapis d' église.
Sous nos pas des motifs de feuillage, hérissés de soleil, font vitrail.
C' est l' été de la saint Martin. Un goût de dernière fois. Dernier azur lavé de frais. Dernière torche de soleil. La rouille et l' or barbotent dans l' étang bleu sombre, sous l' oeil aimant des saules. L' herbe a des verdeurs de printemps. Des terrasses dégringolent de jaunes chrysanthèmes, débarrassés de leurs manteaux de morgue. C' est trop, c' est sûr. Novembre en fait mille fois trop, qui offre sa lumière d' orage pour être le dernier à flamber les beaux jours.

C' est l'été de la saint Martin. Les dimanches sont si courts.
Demain reviendra l' ombre.





vendredi 4 mars 2016

Déja partie je demeure ( 4 )


Pour eux la nuit est cendres
Marée de sable noir léchant les bords du lit
Aux douze baisers du mitan
Se tournent dos à dos et couchent leurs doigts aveugles
Sous des paupières d' encre

Ne laisse pas notre nuit s' assiéger de clartés

Arbres nus, faîtes feuillage
Pour tirer sur nos fronts
Le doux miroir de sorgue

Car l' ombre a ton visage
Je vois avec les mains


Honni soit le soleil
Et puis l' enfant qui chante
Le voisin bûcheronnant

Quand tu ouvres les yeux
Tu es la mort aussi