dimanche 25 septembre 2016

Portraits d' asphalte ( 1 )


Des mollets de caporal chef. Je ne sais pas, cette raideur...

La jupe en tweed tombe largement sous le genou. Une légère cambrure creuse la cheville épaisse. Une ossature têtue sous une peau de cuir. Des talons énergiques.
Un dos fait pour les épaulettes.

Je la suis, l' oeil rivé sur les jarrets bourrus, l' unique parcelle d' un corps qu' il n' est pas indécent d' offrir aux regards de la rue, pourvu qu' il fut couvert de collants couleur chair.
Surtout, ne pas la dépasser.
Ne rien savoir des yeux féroces, du nez robuste ni des lèvres absentes. Des dessous sans dentelles gainant des seins d' émeri.

Je ne vois que son dos, je me cale à son pas. Au tacatac inflexible, au pouls étroit et gai comme un métronome. Et rien ne dissipe le tempo symétrique, la foulée de bleusaille, ni les passants à contre-sens, ni les chaussées à traverser, ni les multiples appels à la flânerie qu' offre l' après-midi sans nuages d' une ville décorsetée.
Droite, gauche, droite, mais la jupe en caparaçon, dédaignant le piqué des guibolles, refuse de balancer aux trilles algébriques du swing de la Wehrmacht.

Puis sans transition, sans rupture de cadence, sans ce léger relâchement du pas qui se sait près du but, elle stoppe et s' engouffre sous la porte cochère, laissant au chaland le boulevard, rhabillé de son vaste silence.

 



dimanche 4 septembre 2016

Paroles d' astre. Verbe de chair ( VI ) )


Et maintenant le feu
Rejoint sa vasque et veille
Sur le jardin d' ombelles où nos corps
Comme des astres prodigues
S' illuminent l' un de l' autre

Amour, Amour qui bat son sang
Dans la paume de nos lits
Lève un soleil de menthe
Sur l' étendue d' écume

Des peaux cardées de nuit