dimanche 16 décembre 2018

Nocturnes ( en aparté )


Il fallait bien qu'il finisse
le soir hurlant en son hiver
Le gris cortège aux têtes dévissées

Il fallait bien s'en défaire
comme d'un manteau glacé de bruine

Nuit de miel noir
enlisée dans nos gorges
J'ai cueilli ton levant

Tisonné de mon souffle une aube gracile


mercredi 17 octobre 2018

In cathedra


Etait-ce le ciel déjà
Quand des liernes de roses exhalaient leur encens ?

Les orgues chantaient des louanges, en vieux ténor de cuivre
Une lumière de vitrail partout jetait ses confettis

Vers quelle noce allait-elle dans son corps en ogive
Quelles prières martelait le bruit sec du bâton ?

Mêmes orgues et même encens
même soleil en rosace
Sur le bois du cercueil
qui va pareil

Au scarabée griffant son chemin de poussière

lundi 1 octobre 2018

Nocturnes ( fin )


Et de l'arche de celle qui nous tient séparés
jette tes rîmes en caresses

Dis-moi l'aube et le calice du jour

L'ombre froidit
demain déjà tisonne ses clartés

Ô nuit, je fus ta sentinelle !



mercredi 19 septembre 2018

Nocturnes ( 5 )


La nuit est pleine, attèle nos hypogées
aux flancs soyeux des chevaux de halage

Qu'elle ne dure que l'espace d'un souffle qui se défroisse

Des très lentes ténèbres
à la rosée du jour





dimanche 9 septembre 2018

Nocturnes ( 4 )


Nous sommes faits de nos tristesses
Aux soirs d' exil qui se cognent

à l'écho. Midi déjà
ressemblait au couchant

De blancs haillons de nuit
feutraient septembre

Et ses grelots de miel




mercredi 8 août 2018

Nocturnes ( 3 )


Des odeurs de nuit s'enferment entre les murs
et des ombres cuisantes tapissent le terrier

Je respire à tâtons
te cherche entre les spectres

Sous le suint du linceul
où baillent mes paupières


dimanche 1 juillet 2018

Nocturnes ( 2 )


Un cri de gorge sèche se perd
dans le chant de silence
Du démon cendré
qui referme le gouffre

Moi, murée dans son puits
plus bas encore



mercredi 30 mai 2018

Nocturnes ( 1 )


Sur la nuit, maintenant, je voudrais que se pose le jour
Que s'élancent des clartés, comme l'enfant ivre semant ses premiers pas
La même rage invisible à repousser le mufle infecté de ténèbres
Son souffle sur mes yeux

La sorgue et ses brumailles couchées contre ma porte




lundi 2 avril 2018

Entre Nous (XI)



Sur la lande à jamais close
le soleil vire au noir
Je marche entre les pierres

A quoi bon soudoyer le temps ?
L' éclipse et son lent cortège
portent très haut la victoire




samedi 10 mars 2018

Entre Nous ( X )



L' absence a repeint de suie
Mars et le chant de l' oiseau,
l' orme tordu mûrissant sa sève rousse

Et chaque jour prend pied
sur une rive hostile
un grand désert de ronces

Les heures sont plus larges que les heures
l' air est plus lourd aussi

A contre-vent, je marche
Le reflux de mon pas a le vain battement
Des sternes à ras de mer





dimanche 14 janvier 2018

Epure 6



Tu me tenais comme un noyé,
 moi qui n' ai pas le pied marin

                                                          Je partais sans quitter le seuil