dimanche 10 novembre 2013

Hasard


Le ciel bas de novembre, de l' or dans les bouleaux et devant moi l' asphalte...

Les mains sur le volant, le corps à la vigie, mes pensées s' envolaient plus haut que les mâtures.
Dans cet espace gazeux où retombe en poussière ce qu' on croyait tenir.
Dans le désert ocré de mes empêchements.

Mais le hasard parfois, s' invite au bal perdu.
Et ma chance était là, posée sur le bitume.

Un livre.

Un livre sous la pluie.
Egaré, oublié. Ouvert.
Tel un gros oiseau ivre qui ne trouve plus son vol.

Il me fallut faire marche arrière et saisissant l' ouvrage, humide comme un corps qui se donne, j' en déglutis le titre.
Il tenait en deux mots:

Risque tout





8 commentaires:

  1. "Jamais un coup de dés n'abolira le hasard", dit-on ; qu'aimez d'autre que le hasard, en effet, même si aimez le hasard n'est jamais un hasard. Ce texte, d'ailleurs, est-il le fruit du hasard ? j'en doute, même si c'est le hasard qui, de proche en proche, a présidé à sa création et à son titre. Nécessité du hasard et hasard de la rencontre. "Désert ocré des empêchements", "livre comme corps qui se donne" et pour finir, l'impératif, le commandement, impitoyable, saisissant, catégorique : ce qui serre la gorge, en italique mais sans point d'exclamation, bien sûr, juste avant le lancé des dés...qui roulent, qui roulent, qui roulent...

    Texte parlant, Agnès, à tout qui s'affronte avec lui-même sur le terrain glissant de ses infirmités. On vous reçoit 5 sur 5.

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    1. Qui disait " il n' y a pas de hasard, juste des rendez vous " .. ?
      J' aime bien cette phrase par ce qu' elle implique. Croire au hasard c' est s' offrir au monde, à l' espace, aux rencontres improbables.. C' est ne plus avoir peur des pendules arrêtées ni des chemins de traverse..
      J' aime le hasard et petite confidence, je me débrouille pas mal dans le langage des signes.. :)

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  2. Vous l'avez mis bien au sec, ce "gros oiseau ivre", trempé de pluie ? Pour en parcourir plus tard les pages au coin du feu ?

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    1. Je l' ai sauvé de la noyade et de l' écrabouillement.
      Pour le reste, je crois qu' il m' avait livré l' essentiel .. :)

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  3. D'après ce que j'ai trouvé sur internet, elle est de Paul Eluard, cette phrase. Et celle d'Elsa Triolet " Les hasards de notre vie nous ressemblent." n'est pas mal non plus. Désolé pour les fotes d'ortograf, je ne relis jamais mes commentaires. Je devrais. Je dois.
    Le langage des signes n'est pas toujours facile à comprendre. Il demande beaucoup de dextérité de la part du messager et de celui qui "l'entend". Mais quoi d'autres que les signes pour se comprendre ou s'embrouiller.

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  4. Se relire c' est prendre le risque de ne pas envoyer alors, surtout, ne changez rien..:)
    Et ne vous inquiétez pas pour vos fotes; vous lire reste quand même moins ardu que de décrypter le langage des signes.. :)

    Eluard ? Bon, je tâcherai de m' en souvenir.
    Merci Cléanthe

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  5. Le bonheur d'écrire des trucs pareils :)

    Vous m'avez fait faire un bond épistémologique (rien moins) quand vous avez dit, Agnès, la mer inventée. Dans un ciel chargé, les yeux colériques de qui compte, etc.

    Et là dans la voiture, sur l'asphalte (en plein Paris ou New-York ou Vladivostok), le corps "en vigie" et les pensées plus haut que les "mâtures"...

    Et ce qui coule, la pluie, le livre trempé, le corps désirant...

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  6. Vous ne vous êtes pas fait mal en retombant, Michèle, j' espère.. :)
    Je plaisante bien sûr..
    Ma manière à moi de vous dire merci.. :)

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