mercredi 28 septembre 2011

Tu as dessiné l' océan



Crois moi ce ne sont pas mes mains
Qui ne sauraient plus
Caresser le poème
Mais les beaux jours
Dégringolés
Pas mon ventre
Dont l' indicible source
Se serait asséchée mais
Des continents de solitude
Qui ont bouffé la mer
Si mon sang bat encore
Vif et rond
Comme un soir de juillet
Il ne peut irriguer
Le froid lassis des veines
De ton visage
De marbre
Tu as dessiné l' océan
Pour que j' ouvre grand les bras
Que mes doigts deviennent des oiseaux
Derrière le ciel il y a le ciel
Et je vole à mains nues

samedi 24 septembre 2011

Tête vide




Il faut juste garder
Dans le creux d' un dimanche
L' envie de voir la mer
De cracher dans son gris
Pour faire baver l' écume
Qu' importent nos bateaux
Amarrés aux sillons
Quand nos vies sont de poche
Et nos voyages de glaise
C' est l' idée de la voile
Et c' est le goût du vent

Et garde toi d' éteindre
Si tu le croises un jour
Le feu de son sourire
Ou la lave de ses doigts
Car vivre n' est rien d' autre
Que le rêver encore
...

mercredi 21 septembre 2011

...

Comme une peau tatouée
De pluies d' octobre
Et de sanglots
De l' éternel été
De nos enfances
Comme un manteau
Tissé d' embruns
Et d' horizons obliques
De cargos en partance
De désir et de draps froissés
Roulant jusqu' à moi quand je sombre
Attisant le feu à mes reins
Tandis que je chevauche
Contre toute solitude
Cette voix chaude et grave
Et souriante
Ta voix
Bruissante à mon oreille
Comme une bossa tranquille

dimanche 18 septembre 2011

Derrière les volets clos ( 2 )


Le jardin est une forêt vierge. Il y taille tous les soirs un chemin au coupe coupe.
Mais. La Vie. Trois lettres un point dessus. Gravées en même temps que le fer qui dans un cri l' avait donné au monde, emmailloté d' un linge trempé de sang.
La Vie donc le rattrape in extremis, par une tiède après midi d' avril. Deux heures et des poussières exactement. Au thé dansant il ne voit qu' elle. Visage paisible et cheveux blancs.
Qui écarte en valsant le jus noir du ressac.
Entrouvre la porte de la maison que la misère des jours écaillait plus que le salpêtre.
Accroche le tulle aux fenêtres désormais offertes à la brise.
Dégonde sans remord la chambre de la pendue.
Y fait geindre son homme dans le lit de bois blanc...

mercredi 14 septembre 2011

De ce côté


Des lustres que j' attends
Sur le muret de pierres
A voir tomber les figues
Et lorsque tu parais
Aux soirs fardés de brume
Je souris simplement
A tes mots en brassées
C' est bon que tu sois là

Septembre pourtant
De ce côté la chambre brûle
Et tu dis parle-moi
En fouillant sous ma robe
Mes mots sont ceux des chattes
Je ne veux que tes mains

C' est le matin qui ment
Je me lève à la rouille
Aux dégoûts aux fatigues
D' une vie où tout est vain
Tu me retiens un peu
Ne tombe pas tu sais bien
On se retrouvera
De ce côté
Du ciel
...

dimanche 11 septembre 2011

La blessure


Car il nous faut apprendre
A contourner sa gueule poisseuse
A ne pas s' approcher
Plus près que de raison
Du gouffre hideux où elle crache
Son nid de ronces
Petite, il y avait la main de mon frère
Pour me garder des précipices
On marche sur un fil
Pour ne pas disperser
Les épines de son lit
Comme le renard piteux
Le loup qui se méfie
Des braises
Et l' on se ratatine
A moitié morts déjà
Dans nos nuits sans sommeil
Pour ne pas sentir à nos cous
L' âpre sillon de sa langue
On voyage immobiles
Quand on sait quels parfums
D' écume ou bien de tourbe
Viennent la réveiller
On dit des mots de rien
On sourit sans y croire
On vaque à la façon
Des céladons obscènes

Je dit on car je sais
La commune blessure
Qui porte encore ton nom


mercredi 7 septembre 2011

Derrière les volets clos ( 1 )



Il l' a trouvée là, dans la chambre, se balançant comme la folle qu' elle était devenue.
En chemise de nuit blanche et nue dessous.
Les seins lourds qu' elle avait comprimés des années durant, à en tourner de l' oeil les jours de grosse chaleur, parce que le démon les avait suçés.
Le démon... Une boule flasque qu' on lui avait posé sur le ventre juste après la déchirure, en lui disant qu' elle ne survivrait pas.
Qu' il lui fallut porter, nourrir, laver, torcher, sans qu' en échange ne sorte un seul maman de sa bouche de petite vieille.
Qui lui mourut dans les bras, seize ans plus tard, les yeux ailleurs, la main fuyante.
Qu' on enterra à la sauvette tout au fond du cimetière.
Un corps de femme fait dans une tombe de piaf.

Il n' a pas tenté un seul geste. L' a laissée tournoyer sur elle-même le regard vide. Il a éteint la lumière, s' est couché sans défaire le lit.
La fatigue, lourde comme un manteau de soldat.
Il a fermé les yeux. Entendu les flons flons d' un petit bal enfui.
Il a revu ses dents de chatte et cette manière qu' elle avait de faire passer la boucle brune derrière l' oreille où il aimait glisser des bêtises chaque fois que l' envie les prenait de se caresser là, n' importe où.
La robe qui lui collait aux cuisses en sueur quand ils posèrent la dernière pierre à cette maison qu' ils avaient voulue tous les deux.
Des fleurs dedans. Et puis dehors. Un enfant? Non, cinq, six, elle disait.
Et ce rire qui faisait durcir son bas ventre dès qu' il l' entendait...

Et puis les griffes.
Les mots qui tuent.
Les nuits sans rêve et sans sommeil près de ce corps qui ne voulait plus recevoir sa semence pourrie, comme elle crachait, mauvaise.
Les mains qui se tordent, vrillant les bords du tablier.
Ces phrases, récitées en boucle, comme des prières mais qu' est ce que j' ai fait au bon dieu pour mériter une misère pareille...
Et les fleurs qui se meurent au salon dans un vase à l' eau verte.

A l' aube il lui faudra l' habiller avant de la dépendre.
Et puis fermer les volets.
L' ombre n' abime pas le sépia des beaux jours.

Mais derrière laisser tant qu' il veut, le jardin pousser à la diable.

dimanche 4 septembre 2011

Fatras



Il y eut ce fatras
De promesses et de sel
Déposé sur tes lèvres
Par des bouches aimées
Il y eut le chant des corps
Et l' hallali des sexes
Qui se dressaient humides
Jusqu' à fendre en un cri
L' ombre pâle de tes cuisses
Il y eut des rêves de bal
Et de robes de fête
Sous un ciel étoilé
Et con
Puis la vie à zéro
Epinglée au velours
Dans le brouillard laiteux
D' un matin
De décembre
...

jeudi 1 septembre 2011

Les fenêtres n' en finiront jamais de leur mentir


Plus homme que Titan
Il porte pourtant le monde
Il dirait sa dépouille
S' il pouvait en parler

Arque-bouté résiste
Le dos à la fenêtre
Dont les volets sont clos
Il prend la brise pour vent d' Autan
Ne veut plus rien du large
Des rêves que l' on crochète
Aux roseaux des rivières


                A la marée du soir
                Elle laisse s' engouffrer
                Les langues et les visages
                Et l' or d' un seul regard


Il a perdu ses yeux
A force de chercher
L' opaque est sa lumière


                Les mots d' amour qu' elle dégoupille
                Des bouteilles à la mer

...