mardi 26 janvier 2016

Impressions. Paysages minuscules ( 10 )



Son nom sifflait déjà comme le vent du nord; le roulis de la mer sur une lande échouée.

Le bleu n' est pas d' ici mais un brun gris de bure.
C' est une terre de clochers qui ne se prend qu' à pied. Rien n' empêche le regard de courir à sa guise et libre infiniment, au jardin sans lisières. Car ici l' air et l' eau, l' océan et la terre, sont frères et sœurs de sang, qui se mêlent et se mordent, disputant leur empire.
Le vent se fait Nordet et la terre se fait dure; brisant sa gangue aux beaux jours, fait ricocher ses pierres pour emmurer la mer, et elle, couvant ses colères d' équinoxe, crachouille corps et proues sur des jetées cinglées d' eau noire.
Plus loin les hommes, dans des lenteurs de brume, dressent des ponts levis, bâtissent des maisons aux façades d' escaliers puis mettent l' or aux fenêtres dans le soir qui descend.

Et ce vol d' oies sauvages, et son cri, tandis que nous marchions paume à paume, pourtant déjà si seuls de se quitter demain...

10 commentaires:

  1. Relisant les derniers poèmes, je suis frappée par ces mots : "quitter", "solitude", "seuls", "cendres", "meurt" qui arrivent la plupart du temps en fin de texte...
    N'est-ce pas chaque jour que nous quittons quelque chose ou que quelque chose nous quitte ? Mais nous ne savons pas quoi et nous n'en avons même pas conscience, nous ne cherchons même pas car sinon, il me semble que nous aurions peur de vivre.
    Mais dans ces poèmes, on sait tout cela, et la vie bat quand même...

    PS : quelqu'un m'a suggéré de quitter "X" pour "MF". J'ai dit oui.

    RépondreSupprimer
  2. " la vie n' est qu' un passage, mais sur ce passage, au moins, semons des fleurs "

    merci ex X :)

    RépondreSupprimer
  3. et parfois des soucis quand on met l' ancolie au jardin.. :))

    RépondreSupprimer
  4. Quel rythme vous donnez à ces alexandrins si bien dissimulés
    Ce cache-cache à la noix, une coque sans voiles
    Et ce vent qui s'endort, peu à peu, peau à peau.
    Superbe!

    RépondreSupprimer
  5. MERCI !!!
    ( oserai-je te dire que parfois ça m' énerve de ne savoir marcher que sur 12 pieds.. :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pour marcher sur le vent, il suffit d'une tête

      Supprimer
  6. Huit syllabes pour la parole, douze pour le chant, Agnès :)

    RépondreSupprimer
  7. Et si on écoute encore, on a un magnifique 14 syllabes (crachouille corps et proues sur des jetées cinglées d' eau noire), avec sa coupe 6+8, espèce d'alexandrin élargi, d'une belle ampleur. Une sorte de ralentissement à la colère de la mer puisqu'en l'état, les corps sont échoués. Ce 14 syllabes venant après un 10 syllabes (et elle, couvant ses colères d' équinoxe), quasi-alexandrin, un rien plus vif, élan et repos, subtile boiterie.
    La poésie, c'est quelque chose :)

    RépondreSupprimer
  8. ah ben tant mieux si ça claudique un peu quand même.. :)

    RépondreSupprimer