vendredi 29 avril 2016

Impressions, paysages minuscules ( 14 )


Toutes sont femelles infiniment.
Filles de brume, se trémoussant dès l' aube, elles caressent en rêvant l' herbe assoupie des berges.
Pin-up au soir couchant qui ondulent en fumant dans des lits de grès rose.
Femmes mères aux larges hanches. Epouses, amantes. De cristal ou d' ébène. De boue. Sorcières qui glissent au petit jour des cadavres en leurs eaux.
Il en est des rivières comme des femmes, qui mélangent dans leur ventre et la source et la mer. Le schiste et puis le sel.
La nôtre est une enfant.
Vois comme espiègle elle se tord. Vois son corps sans défaut sous sa robe aux volants d' écume.
Entends son chant, son rire, fendre les grands bois noirs en abreuvant les loups. 
Verte enfant, presque fille, quand elle tresse à ses flancs une ceinture d' ajoncs ou pose sur ses cheveux d' algues, quelques ponts en diadème.
Souviens-toi comme hier nous allions sur ses rives, que déjà ses méandres traçaient au bout des doigts la partition de nos caresses.
Puisse demain et toujours, elle, une autre, offrir l' émeraude à nos baisers.
Un gué à nos amours.


6 commentaires:

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    1. Pour ces rivières-là, le chercheur d'or n'a pas besoin de tamis, les pépites se confondent avec leurs flots. Pêcheur sans filet, il n'est besoin que d'un regard pour se noyer dans leur lumière.

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  2. Un pêcheur d' eau.. comme chez Goffette ? :)

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  3. Et les belles rivières chahuteuses et minces, finiront, larges et lourdes, englouties par les monstres marins.... Mais le poème (merci Agnès) ranime la mienne, de rivière, une petite coureuse, qui semblait noire de l'ombre des saules mais dont les cailloux de fond, aussi visibles qu'à travers une vitre, étaient à portée de mon avant-bras...

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  4. Eau de Vie donc.. ça se confirme. Encore un verre ? :)

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