lundi 8 juin 2015

Impressions. Paysages minuscules ( 4 )


C' est le silence d' abord que l' on perçoit. Un silence de ruines.
De neige en plein midi.
Le long de la rue principale, sévère et morne, s' alignent des maisons toutes semblables qu' à première vue on croirait cossues. En réalité, une haie coupe en deux parties symétriques des familles qui vivent depuis toujours à l' envers l' une de l' autre.
Des berges du canal, bordées de jardins immobiles, les usines ont des allures de phares émergeant de la brume.
Mais il faut avoir déjà vu la mer pour le dire.
Au bar de l' Hôtel de ville, le zinc poisse un peu des petits blancs secs que des mains incertaines portent jusqu' aux gorges desséchées par les fours. Côté tabac, les billets de loterie font de l' œil. Ici le rêve se gratouille d' un coin d' ongle noirci.
Les cheminées crachent sans trêve une fumée compacte. Le passage piétonnier sature au croisement des trois huit. Première clope pour les uns, dernière pour les autres qu' on écrase sans hâte d' un revers de godasse. On se salue sans effusion. On ne parle même pas du temps. Dedans, c' est toujours l' été. Toute une vie dans le verre.
Des écrans de télé.

Une fenêtre ouverte sur le monde, comme ils disent...

8 commentaires:

  1. L'usine ... Un bateau-phare dans un océan d'ennui et des vies blêmes sous le gris du ciel.

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  2. il n' y a pas si longtemps, ici, on soufflait l' ennui à la bouche dans des creusets d' amertume..

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  3. Même au milieu des usines et au bord d'un canal vous finissez par voir la mer avec cette cheminée-phare. Vous m'étonnerez toujours, Agnès ! :))

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    1. Si j' étonne encore, tout n' est pas perdu, donc.. :)
      Merci Feuilly

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  4. Si ramassé, si précis et si immuable.
    Et le "verre" me fait songer à celui du comptoir, d'où l'on peut se fabriquer cet été du dedans, ne pas voir son voisin ni lui parler, et... regarder la télé.

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    1. Mais l' avantage des verres de comptoir, ceux qu' on lève avant de descendre, c' est que les bulles n' y sont pas interdites.. :)

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  5. Oulà! On croirait lire Deneuve parlant de Dunkerque (dans le fond, pas dans la forme, soyez rassurée).

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    1. :))) ah oui, quelle affaire !
      bon, moi, ce sont plutôt les marches, le tapis rouge, les piscines de champagne et les yachts de Cannes qui me flanquent le bourdon. :)

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