mardi 25 août 2015

Impressions. Paysages minuscules ( 6 )


Ils offrent des ventres d' écorchés à la crypte du ciel puis tendent leur étrave vers celle qui roule des hanches au bout du lit de grève.
La mer, tendre et violente épouse, ne s' offre plus que pleine.
L' eau les a quittés comme une fille infidèle et l' air qui les traverse a le cinglant d' un fouet.
Ils furent thoniers, langoustiers, chalutiers à tangons et portèrent haut des noms de ciels, de femmes ou de voyage.
Ils furent braves, affrontant sans ciller les départs engourdis de froidure, les hauts le cœur des mousses, les larmes des promises.
Fiers des retours juteux, poissons d' argent coincés entre les dents.
Souriants les jours de pause, tétant le lait des docks dans des mollesses de lamantins.
Quelle fortune de mer les a laissés ainsi, gisant sur le flanc, coursives grinçantes, la peau des os tannée par le sel et les tempêtes qu' ils n' affrontent plus qu' à terre ?
Le vent se joue de leurs carcasses et le gros temps balafone leurs squelettes d' éléphant.
Et demain les vasières, comme dernière déferlante, engloutiront leurs corps tout au bout du Sillon.

8 commentaires:

  1. Ah, je retrouve, la mer, la vraie, avec ses marées,ses tempêtes et ses navires échoués. Le temps des rêves et des grands voyages est révolu. Reste le souvenir et puis la mer qui elle est toujours là.

    J'aime bien le verbe "balafoner". Vous m'étonnerez toujours :))

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    1. " La mer, la vraie ".. il y en aurait donc une fausse ? :)
      Merci pour l' étonnement, Feuilly..

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  2. Qu'ils soient marins, d'éléphants ou de mémoires, les cimetières offrent à l'imaginaire
    des mots que l'on croyait de solitude, de regard et de silence. Vous arrivez à les transmettre... et c'est du bonheur.

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    1. J' aime beaucoup les cimetières.. surtout ceux désertés des vivants.

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  3. La mer est calme, sans vague et le vent s'y est caché
    Dans les ports, sur les quais, les jours s'écoulent entre les ombres
    Les marins prient les marées absentes
    La nuit s'est étendue sur la grève
    Résonnant parfois de la rumeur des coques.

    Moi aussi j'aime bien "balafoner", puis aussi comme Jc...

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  4. Oui, mais ils ont été "braves" et "souriants". Je ne peux m'empêcher de faire le lien avec ces deux vers de Cléanthe : "Rien ne pourra faire en sorte/Que jamais rien ne fut". Et ils vivent là, pour l'éternité, dans les mots de tes "Paysages minuscules".

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